LE
SERMON DE VINCENT Psaume CXIX, 19.
Je ne suis qu'un hôte sur la terre. Ne me cache pas Tes commandements.
C'est une ancienne croyance, et vraie, que notre vie est une marche
de pèlerins, que nous sommes des hôtes sur la terre,
mais que, bien qu'il en soit ainsi, nous ne sommes pas seuls, car
notre Père est avec nous. Nous sommes des pèlerins,
notre vie est une longue marche, un long voyage de la terre au Ciel.
Le commencement de cette vie, c'est ceci : il n'est qu'une personne
au monde qui oublie et son chagrin, et ses angoisses, pour ne que
la joie de ce qu'un homme est ne en ce monde. Cette personne, c'est
notre mère. La fin de notre pèlerinage, c'est l'entrée
la maison de notre Père, ou il y a beaucoup de demeures,
où il entre avant nous pour y préparer notre place.
La fin de cette vie est ce que nous appelons la mort. C'est une
heure ou des paroles prononcées, où des choses sont
vues, éprouvées, qui sont gardées dans les
chambres sécrètes des curs de ceux qui sont
présents. Il se fait que tous nous avons de tels souvenirs
dans nos curs, ou la prescience de ces choses. Il y a de la
douleur au moment où un homme naît au monde, mais il
y a aussi de la joie, une joie profonde, indicible, une gratitude
si grande qu'elle atteint au plus haut des cieux. Oui, les anges
de Dieu sourient. Ils se réjouissent, ils espèrent,
quand un homme naît au monde. Il y a aussi de la douleur à
l'heure de la mort, mais la aussi, il y a joie, joie indicible,
quand l'heure est celle de la mort de qui a livre sur la terre le
bon combat. II est quelqu'un qui a dit: Je suis la résurrection
et la vie. Celui qui croit en moi, bien que mort, il vivra.",
Et il y a eu un apôtre qui a entendu une voix qui venait du
ciel, et qui disait: Bénis soient ceux qui meurent
dans le Seigneur, ils se reposent et leurs ouvres les suivent.
Il y à de la joie quand un homme naît dans le monde,
mais il y a joie plus grande quand un esprit a passe par de grandes
tribulations, quand un Ange est ne dans le Ciel. Le chagrin vaut
mieux que la joie. Même au sein de la gaîté,
le cur est triste. Et mieux vaut aller dans la maison en deuil
que dans la maison en fête, car la tristesse rend le cur
meilleur. Notre nature est triste, mais pour ceux qui ont appris
et apprennent à regarder Jésus-Christ, il y a une
raison de se réjouir. C'est une belle parole que celle de
saint Paul: Triste, mais toujours dans la joie. Car,
pour ceux qui croient en Jésus-Christ, il n'y a pas de mort,
il n'y a pas de douleur qui ne soit mêlée d'espérance.
Il n'y a pas de désespoir. Il n'y a qu'une continuelle renaissance,
un passage constant de l'ombre à la lumière. Ceux
qui croient n'ont pas le cur en deuil comme ceux qui n'ont
pas d'espérance. La foi chrétienne fait de la vie
un séjour toujours vert. Nous sommes des pèlerins
sur la terre, des hôtes. Nous venons de très loin et
nous allons très loin. Le voyage de notre vie va du tendre
sein de notre Mère sur la terre aux bras de notre Père
dans le ciel. Toutes choses changent sur la terre. Nous n'avons
pas ici-bas de maison durable. C'est la notre expérience
à tous. II est conforme à la volonté de Dieu
que nous devons nous séparer de ce que nous avons de plus
cher sur terre. Nous-mêmes, nous changeons. Par bien des cotes,
nous ne sommes pas ce que nous avons été, nous ne
resterons pas tels que nous sommes. Depuis l'enfance, nous grandissons
pour devenir de garçons, de fillettes, - des jeunes gens,
des jeunes filles, et, avec l'aide de Dieu, des maris, des épouses,
des Peres et des mères à notre tour. Et puis, lentement,
mais sûrement, le visage qui, un jour, était pareil
à la prime rosée du matin, se ride; les yeux qui,
un jour, brillaient de gaîté, de jeunesse, nous parlent
d'une tristesse grave, profonde, bien qu'ils puissent briller encore
des flammes de la foi, de l'espérance et de la charité,
bien qu'ils puissent rayonner de l'esprit divin. Les cheveux grisonnent
ou tombent. Oui, nous ne faisons que passer sur la terre, nous ne
faisons que traverser la vie, nous sommes des hôtes et des
pèlerins. Le monde passe avec toute sa gloire. Faisons en
sorte, souhaitons, que nos derniers jours soient plus près
du Créateur. Plus près de Toi, o mon Dieu ! Qu'ils
soient meilleurs que ceux-ci.
Toutefois nous ne pouvons pas vivre au jour le jour. Il nous faut
lutter. Nous avons sur terre un combat à livrer. Que devons-nous
faire ? Nous devons aimer Dieu de toutes nos forces, de tout notre
pouvoir, de toute notre âme; nous devons aimer notre prochain
comme nous-mêmes. Ces deux commandements, nous devons les
observer. Si nous les observons, si nous remplissons exactement
ces devoirs, nous ne serons pas seuls, notre Père qui est
au Ciel sera avec nous, Il nous aidera, Il nous guidera. Jour après
jour, heure après heure, il donnera la force dont nous avons
besoin. Ainsi nous pouvons faire toutes choses grâce au Christ,
qui nous en donne le pouvoir. Nous sommes des hôtes sur la
terre. Seigneur, ne nous cache pas Tes commandements. Ouvre-nous
les yeux: nous pouvons, grâce à Ta loi, voir des choses
merveilleuses. Enseigne-nous à obéir à Ta volonté,
influence nos curs de telle sorte que l'amour du Christ puisse
nous contraindre à obéir, que nous soyons amenés
à faire ce qu'il faut pour être sauves.
De la terre au Ciel sur la route,
O guide-nous de Ton regard ;
Nous sommes faibles, Tu es fort;
Ta puissante main nous soutienne.Notre vie, nous pourrions la comparer
à un voyage. Nous allons du lieu où nous sommes nés
vers un port, vers un port lointain.
Notre enfance pourrait être comparée à une partie
de canot sur un Fleuve; mais bientôt, oui bientôt, les
vagues deviennent hautes, le vent plus violent. Presque sans nous
en être aperçus, nous voila sur la mer, et la prière
de notre cur monte vers Dieu : Seigneur, protège-moi,
car ma barque est si petite, et Ta mer si grande ! , Le cur
de l'homme est semblable à la mer, il en a les marées,
il en a les tempêtes; il a sa profondeur. II a aussi ses perles.
Et le cur qui cherche Dieu, qui cherche à mener une
vie aimable à Dieu, à plus qu'un autre ses tempêtes.
Voyons comment le Psalmiste décrit une tempête en mer.
Pour pouvoir ainsi la décrire, il a du la sentir en lui,
dans son coeur. Dans le Psaume 107, nous lisons: Ceux-la s'étaient
embarques sur la mer, à bord de navires, pour trafiquer sur
les grandes eaux. Ils furent les témoins des uvres
du Seigneur et de Ses merveilles dans les abîmes. Le Seigneur
ordonne et fait lever un vent de tempête, qui soulevé
les vagues. Elles montent jusqu'aux cieux, retournent à l'abîme.
L'âme des trafiquants se fondait d'angoisse. Alors, dans leur
détresse, ils crièrent vers le Seigneur et le Seigneur
les délivra de leurs angoisses et il les conduisit jusqu'au
port désiré.
Ne sentons-nous pas tout cela, nous aussi, parfois, sur la mer de
nos vies ?
Chacun de vous ne sent-il pas comme moi les tempêtes de la
vie, qui sont leurs appréhensions, qui sont leurs souvenirs
?
Et maintenant, lisons une description d'une autre tempête
en mer, dans le Nouveau Testament. Nous la trouvons dans le chapitre
VI de l'Evangile selon saint Jean, du 17 e verset au 21e : Et
les disciples montèrent sur une barque et ramèrent
en direction de Capharnaüm. Et la mer devint houleuse, à
cause d'un vent qui soufflait avec violence. De sorte qu'après
quils eurent rame pendant vingt-cinq ou trente stades, ils
virent Jésus marchant sur les flots en direction de leur
barque et ils eurent grand'peur. Puis ils le prirent à leur
bord et sur-le-champ la barque fut la où ils voulaient aller.
Vous qui avez connu les grandes tempêtes de la vie,
vous sur qui ont passe toutes les vagues, toutes les lames du Seigneur,
navez-vous pas entendu, quand votre cur était
tout près de défaillir de peur, la voix familière,
la voix aimée, où quelque chose vous rappelait le
son de la voix qui avait charmé votre enfance, la voix de
Celui dont le nom est Sauveur et Prince de la paix, et qui disait,
comme si elle s'adressait à vous personnellement, vous m'entendez
bien ? qui parlait comme pour vous seul, et qui vous disait: C'est
moi, n'ayez pas peur ! . N'ayez point peur ! Que votre cur,
donc, soit sans inquiétude. Nous, de qui les vies ont été
jusqu'ici paisibles, comparativement à tant d'autres, ne
craignons point les tempêtes de la vie. Au milieu des hautes
vagues de la mer, sous les nuages d'un ciel gris, nous Le verrons
venir à nous, Celui que nous avons tant espère, tant
attendu, Celui de qui nous avons tant besoin. Nous entendrons Sa
voix nous dire: C'est moi, ne craignez rien ! Et si,
au bout d'une heure, ou d'une saison d'angoisse, de détresse,
de difficultés, de douleur, de chagrin, nous L'entendons
nous demander: M'aimez-vous ?, alors disons: Seigneur,
puisque Vous savez toutes choses, Vous savez donc que je vous aime
!, Et gardons notre cur plein de l'amour du Christ,
et que de ce cur plein d'amour, une vie s'organise que régisse
sans cesse l'amour du Seigneur. Vous savez toutes choses, Vous savez
donc que je Vous aime. Si nous regardons en arrière, vers
le passe, c'est parfois comme si nous T'avions toujours aime, car
tout ce que nous avons aime, nous l'avons aime en Ton nom.
Ne nous sommes-nous pas sentis souvent pareils à une veuve,
ou à un orphelin, gais et heureux, autant et même plus
que tristes, à cause de la pensée de Toi ?
En vérité, notre âme T'attendait. Plus que les
yeux qui guettent le lever du jour, nos regards sont levés
vers Toi, o Toi qui règnes dans les Cieux. Oui, même
au cours de nos humbles journées, il y a place pour cela:
guetter, chercher, espérer le Seigneur.
Que demandons-nous à Dieu ? Est-ce beaucoup ? Oui, c'est
beaucoup, c'est une grande chose, puisque c'est la paix pour le
fond de notre cur, la paix pour notre âme. Que cette
chose nous soit donnée, nous ne demanderons pas grand-chose
de plus; nous pourrons nous passer de beaucoup de choses, nous pourrons
souffrir de grandes choses en Ton nom. Mais nous voulons savoir
que nous sommes à Toi, que Tu es à nous. Nous voulons
T'appartenir, être des chrétiens. Nous voulons avoir
un Père, avoir l'amour d'un Père, l'approbation, l'appui
d'un Père. Que l'expérience de la vie nous enseigne
à voir simplement, qu'elle fixe nos regards sur Toi. A mesure
que nous avançons dans la vie, puissions-nous devenir meilleurs.
Nous avons parlé des tempêtes qui nous: attendent au
cours de ce voyage quest la vie. Parlons maintenant du calme
et des joies de la vie du Chrétien. Mais, chers amis, attachons-nous
plutôt aux moments de difficultés, aux heures dues
au travail, aux saisons des chagrins.
Car souvent le calme est trompeur. Le cur a ses tempêtes,
il a ses saisons de découragement comme il a ses heures de
calme, et même ses instants d'exaltation.
Il y a temps pour soupirer et il y a temps pour prier, mais il y
a temps pour la réponse à nos prières. Pleurer
peut durer une nuit entière, mais la joie nous vient avec
le matin.
O le cur qui défaille
Peut déborder d'émoi.
Le témoin de ces larmes
S'étonne; il ne sait pas
Que c'est Dieu à la source
Qui commande: Coulez.
Ma paix, je vous la confie. Nous avons vu qu'il y a place pour la
paix, même au sein de la tempête. Grâces soient
rendues à Dieu, qui nous a donne de naître et de vivre
dans un pays Chrétien. Lequel de nous a oublie les heures
dorées de nos premiers jours chez nos parents, et, depuis
que nous les avons quittes, car beaucoup d'entre nous ont du quitter
la maison paternelle, pour gagner leur pain, pour faire leur chemin
dans la vie. N'est-ce pas Dieu qui nous a conduits au point où
nous sommes ? Si nous avons manque des choses à quoi nous
croyons, Seigneur, aide-nous dans notre incroyance ! Je sens encore
le ravissement, lémotion, la joie que j'ai éprouvés
la première fois que j'ai réfléchi gravement
à la vie de mes Parents, quand j'ai senti d'instinct à
quel point ils étaient chrétiens. Et cette émotion
je léprouve encore, cette sensation de jeunesse éternelle,
d'éternel enthousiasme avec lesquels je suis allé
vers Dieu, disant: Moi aussi, je veux être Chrétien
! Sommes-nous ce que nous avions rêvé d'être
? Non. Mais les chagrins, les soucis de chacun de nos jours, les
devoirs quotidiens, tellement plus nombreux que ce que nous avions
imagine, la bousculade de la vie, tout cela à noyé
la résolution que nous avions prise. Mais elle n'est pas
morte, elle n'est qu'endormie. L'ancienne foi, l'amour du Christ,
il se peut qu'ils sommeillent en nous, mais ils ne sont pas morts
et Dieu peut les ressusciter en nous. Mais, bien que renaître
à la vie éternelle, à la vie de la foi, de
l'espérance et de la charité, à une vie éternellement
verte, à la vie d'un Chrétien, d'un serviteur du Christ,
soit un don de Dieu, soit l'uvre de Dieu, et de Dieu seul,
n'en mettons pas moins nous-mêmes la main à la charrue
dans le champ de nos curs. De nouveau, jetons notre filet,
essayons encore. Dieu connait les intentions de notre esprit. Il
nous connait mieux que nous ne nous connaissons nous-mêmes,
car c'est Lui qui nous a créés; nous ne nous sommes
pas faits tout seuls. Il sait de quoi nous avons besoin. Il sait
ce qui est bon pour nous. Puisse-t-il bénir la semence de
Sa parole, celle qui fut semée dans nos curs.
Si Dieu nous aide, nous saurons traverser la vie. A chaque tentation,
il nous donnera le moyen de ne pas succomber.
Père, nous Te prions, non pour que Tu nous retires de ce
monde, nous Te prions de nous tenir à l'écart du mal.
Ne nous donne ni la pauvreté, ni la richesse, nourris-nous
du pain qui nous convient. Et que Tes chants soient notre joie dans
les maisons de notre pèlerinage. Que le Dieu de nos Peres
soit notre Dieu; que leur peuple soit notre peuple, leur foi notre
foi !
Nous sommes des hôtes sur la terre, ne nous cache pas Tes
commandements, mais que l'amour du Christ nous guide et nous pénètre.
Demande-nous de ne pas T'abandonner, de ne pas résister à
Te suivre. Ton peuple sera mon peuple. Tu seras notre Dieu.
Notre vie est un pèlerinage, une marche de pèlerins.
J'ai vu un jour un beau tableau. Il figurait un paysage, et c'était
le soir. Au loin, sur la droite, une chaîne de collines, bleue
dans la brume du soir. Par-dessus ces coteaux, la splendeur du couchant,
des nuages, gris, lisérés d'argent, d'or et de pourpre.
Le paysage lui-même était une lande couverte d'herbe
et de feuilles jaunies, car la scène se passe en automne.
A travers la lande, une route mène à une haute montagne,
très loin, et, au sommet de la montagne, on aperçoit
une ville que le soleil couchant éclairé de sa gloire.
Sur la route marche un pèlerin, son bourdon à la main.
II y a très longtemps qu'il marche, et il est très
las. Et voila qu'il rencontre un personnage, une femme vêtue
de noir, qui fait songer à la parole de saint Paul: Tristes,
mais toujours dans la joie. Cet ange de Dieu a été
place la pour encourager les pèlerins, pour répondre
à leurs questions. Et le pèlerin lui demande: La
route monte-t-elle donc sans répit ? Et la réponse
est: Oui, elle monte sans répit, jusqu'au bout !
Et il demande encore: Le voyage prend-il toute une journée
?, la réponse est: De l'aube à la nuit,
mon ami. Le pèlerin poursuit sa route, triste, mais
toujours dans la joie, triste parce qu'il tant marché, que
la route est si longue. Mais il est plein d'espoir quand il lève
les yeux vers la ville Éternelle qui resplendit au loin dans
la splendeur du soir. Il songe à deux vieux dictons qu'il
a entendus voila bien longtemps. L'un de ces dictons, cest:
II faut livrer luttes multiples,
Supporter nombreuses souffrances,
Prier beaucoup, beaucoup prier.
Alors la fin sera paisible.
Et l'autre dicton, cest:
L'eau monte jusqu'aux lèvres,
Plus haut ne monte pas.
Et le pèlerin dit: Je serai de plus en plus las, mais
aussi de plus en plus près de Toi, o mon Dieu !L'homme
ne doit-il pas lutter sur la terre ? Mais il est une consolation
qui vient de Dieu, dans cette vie. Elle vient d'un Ange de Dieu,
qui réconforte l'homme, et cest l'ange de Charité.
Ne l'oublions pas. Et quand nous retournons à nos soucis
quotidiens, à nos devoirs quotidiens, n'oublions pas que
les choses ne sont pas ce qu'elles semblent, que Dieu à travers
l'apparence de tous les jours nous enseigne des choses plus hautes;
noublions pas que notre vie est une marche de pèlerins,
que nous ne sommes que des hôtes sur la terre; mais souvenons-nous
que nous avons un Dieu et un Père qui protège les
hôtes, n'oublions pas que nous sommes tous frères.
Amen.
Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, que l'amour
de Dieu notre Père, que la présence de l'Esprit saint
soit avec vous, pour toujours.
Amen.
(Suit la lecture du Psaume ICI: Puissance et justice de Dieu.)
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