Vincent Van Gogh : Premier sermon

Premier sermon

Je suis un étranger sur la terre...

 

LE SERMON DE VINCENT Psaume CXIX, 19.


Je ne suis qu'un hôte sur la terre. Ne me cache pas Tes commandements. C'est une ancienne croyance, et vraie, que notre vie est une marche de pèlerins, que nous sommes des hôtes sur la terre, mais que, bien qu'il en soit ainsi, nous ne sommes pas seuls, car notre Père est avec nous. Nous sommes des pèlerins, notre vie est une longue marche, un long voyage de la terre au Ciel. Le commencement de cette vie, c'est ceci : il n'est qu'une personne au monde qui oublie et son chagrin, et ses angoisses, pour ne que la joie de ce qu'un homme est ne en ce monde. Cette personne, c'est notre mère. La fin de notre pèlerinage, c'est l'entrée la maison de notre Père, ou il y a beaucoup de demeures, où il entre avant nous pour y préparer notre place. La fin de cette vie est ce que nous appelons la mort. C'est une heure ou des paroles prononcées, où des choses sont vues, éprouvées, qui sont gardées dans les chambres sécrètes des cœurs de ceux qui sont présents. Il se fait que tous nous avons de tels souvenirs dans nos cœurs, ou la prescience de ces choses. Il y a de la douleur au moment où un homme naît au monde, mais il y a aussi de la joie, une joie profonde, indicible, une gratitude si grande qu'elle atteint au plus haut des cieux. Oui, les anges de Dieu sourient. Ils se réjouissent, ils espèrent, quand un homme naît au monde. Il y a aussi de la douleur à l'heure de la mort, mais la aussi, il y a joie, joie indicible, quand l'heure est celle de la mort de qui a livre sur la terre le bon combat. II est quelqu'un qui a dit: “Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, bien que mort, il vivra.", Et il y a eu un apôtre qui a entendu une voix qui venait du ciel, et qui disait: “Bénis soient ceux qui meurent dans le Seigneur, ils se reposent et leurs ouvres les suivent.”
Il y à de la joie quand un homme naît dans le monde, mais il y a joie plus grande quand un esprit a passe par de grandes tribulations, quand un Ange est ne dans le Ciel. Le chagrin vaut mieux que la joie. Même au sein de la gaîté, le cœur est triste. Et mieux vaut aller dans la maison en deuil que dans la maison en fête, car la tristesse rend le cœur meilleur. Notre nature est triste, mais pour ceux qui ont appris et apprennent à regarder Jésus-Christ, il y a une raison de se réjouir. C'est une belle parole que celle de saint Paul: “Triste, mais toujours dans la joie. “ Car, pour ceux qui croient en Jésus-Christ, il n'y a pas de mort, il n'y a pas de douleur qui ne soit mêlée d'espérance. Il n'y a pas de désespoir. Il n'y a qu'une continuelle renaissance, un passage constant de l'ombre à la lumière. Ceux qui croient n'ont pas le cœur en deuil comme ceux qui n'ont pas d'espérance. La foi chrétienne fait de la vie un séjour toujours vert. Nous sommes des pèlerins sur la terre, des hôtes. Nous venons de très loin et nous allons très loin. Le voyage de notre vie va du tendre sein de notre Mère sur la terre aux bras de notre Père dans le ciel. Toutes choses changent sur la terre. Nous n'avons pas ici-bas de maison durable. C'est la notre expérience à tous. II est conforme à la volonté de Dieu que nous devons nous séparer de ce que nous avons de plus cher sur terre. Nous-mêmes, nous changeons. Par bien des cotes, nous ne sommes pas ce que nous avons été, nous ne resterons pas tels que nous sommes. Depuis l'enfance, nous grandissons pour devenir de garçons, de fillettes, - des jeunes gens, des jeunes filles, et, avec l'aide de Dieu, des maris, des épouses, des Peres et des mères à notre tour. Et puis, lentement, mais sûrement, le visage qui, un jour, était pareil à la prime rosée du matin, se ride; les yeux qui, un jour, brillaient de gaîté, de jeunesse, nous parlent d'une tristesse grave, profonde, bien qu'ils puissent briller encore des flammes de la foi, de l'espérance et de la charité, bien qu'ils puissent rayonner de l'esprit divin. Les cheveux grisonnent ou tombent. Oui, nous ne faisons que passer sur la terre, nous ne faisons que traverser la vie, nous sommes des hôtes et des pèlerins. Le monde passe avec toute sa gloire. Faisons en sorte, souhaitons, que nos derniers jours soient plus près du Créateur. Plus près de Toi, o mon Dieu ! Qu'ils soient meilleurs que ceux-ci.
Toutefois nous ne pouvons pas vivre au jour le jour. Il nous faut lutter. Nous avons sur terre un combat à livrer. Que devons-nous faire ? Nous devons aimer Dieu de toutes nos forces, de tout notre pouvoir, de toute notre âme; nous devons aimer notre prochain comme nous-mêmes. Ces deux commandements, nous devons les observer. Si nous les observons, si nous remplissons exactement ces devoirs, nous ne serons pas seuls, notre Père qui est au Ciel sera avec nous, Il nous aidera, Il nous guidera. Jour après jour, heure après heure, il donnera la force dont nous avons besoin. Ainsi nous pouvons faire toutes choses grâce au Christ, qui nous en donne le pouvoir. Nous sommes des hôtes sur la terre. Seigneur, ne nous cache pas Tes commandements. Ouvre-nous les yeux: nous pouvons, grâce à Ta loi, voir des choses merveilleuses. Enseigne-nous à obéir à Ta volonté, influence nos cœurs de telle sorte que l'amour du Christ puisse nous contraindre à obéir, que nous soyons amenés à faire ce qu'il faut pour être sauves.
De la terre au Ciel sur la route,
O guide-nous de Ton regard ;
Nous sommes faibles, Tu es fort;
Ta puissante main nous soutienne.Notre vie, nous pourrions la comparer à un voyage. Nous allons du lieu où nous sommes nés vers un port, vers un port lointain.
Notre enfance pourrait être comparée à une partie de canot sur un Fleuve; mais bientôt, oui bientôt, les vagues deviennent hautes, le vent plus violent. Presque sans nous en être aperçus, nous voila sur la mer, et la prière de notre cœur monte vers Dieu : “Seigneur, protège-moi, car ma barque est si petite, et Ta mer si grande ! “, Le cœur de l'homme est semblable à la mer, il en a les marées, il en a les tempêtes; il a sa profondeur. II a aussi ses perles. Et le cœur qui cherche Dieu, qui cherche à mener une vie aimable à Dieu, à plus qu'un autre ses tempêtes.
Voyons comment le Psalmiste décrit une tempête en mer. Pour pouvoir ainsi la décrire, il a du la sentir en lui, dans son coeur. Dans le Psaume 107, nous lisons: “Ceux-la s'étaient embarques sur la mer, à bord de navires, pour trafiquer sur les grandes eaux. Ils furent les témoins des œuvres du Seigneur et de Ses merveilles dans les abîmes. Le Seigneur ordonne et fait lever un vent de tempête, qui soulevé les vagues. Elles montent jusqu'aux cieux, retournent à l'abîme. L'âme des trafiquants se fondait d'angoisse. Alors, dans leur détresse, ils crièrent vers le Seigneur et le Seigneur les délivra de leurs angoisses et il les conduisit jusqu'au port désiré”.
Ne sentons-nous pas tout cela, nous aussi, parfois, sur la mer de nos vies ?
Chacun de vous ne sent-il pas comme moi les tempêtes de la vie, qui sont leurs appréhensions, qui sont leurs souvenirs ?
Et maintenant, lisons une description d'une autre tempête en mer, dans le Nouveau Testament. Nous la trouvons dans le chapitre VI de l'Evangile selon saint Jean, du 17 e verset au 21e : “Et les disciples montèrent sur une barque et ramèrent en direction de Capharnaüm. Et la mer devint houleuse, à cause d'un vent qui soufflait avec violence. De sorte qu'après qu’ils eurent rame pendant vingt-cinq ou trente stades, ils virent Jésus marchant sur les flots en direction de leur barque et ils eurent grand'peur. Puis ils le prirent à leur bord et sur-le-champ la barque fut la où ils voulaient aller”. ”Vous qui avez connu les grandes tempêtes de la vie, vous sur qui ont passe toutes les vagues, toutes les lames du Seigneur, n’avez-vous pas entendu, quand votre cœur était tout près de défaillir de peur, la voix familière, la voix aimée, où quelque chose vous rappelait le son de la voix qui avait charmé votre enfance, la voix de Celui dont le nom est Sauveur et Prince de la paix, et qui disait, comme si elle s'adressait à vous personnellement, vous m'entendez bien ? qui parlait comme pour vous seul, et qui vous disait: “C'est moi, n'ayez pas peur ! “. N'ayez point peur ! Que votre cœur, donc, soit sans inquiétude. Nous, de qui les vies ont été jusqu'ici paisibles, comparativement à tant d'autres, ne craignons point les tempêtes de la vie. Au milieu des hautes vagues de la mer, sous les nuages d'un ciel gris, nous Le verrons venir à nous, Celui que nous avons tant espère, tant attendu, Celui de qui nous avons tant besoin. Nous entendrons Sa voix nous dire: “C'est moi, ne craignez rien !” Et si, au bout d'une heure, ou d'une saison d'angoisse, de détresse, de difficultés, de douleur, de chagrin, nous L'entendons nous demander: “M'aimez-vous ?”, alors disons: “Seigneur, puisque Vous savez toutes choses, Vous savez donc que je vous aime !”, Et gardons notre cœur plein de l'amour du Christ, et que de ce cœur plein d'amour, une vie s'organise que régisse sans cesse l'amour du Seigneur. Vous savez toutes choses, Vous savez donc que je Vous aime. Si nous regardons en arrière, vers le passe, c'est parfois comme si nous T'avions toujours aime, car tout ce que nous avons aime, nous l'avons aime en Ton nom.
Ne nous sommes-nous pas sentis souvent pareils à une veuve, ou à un orphelin, gais et heureux, autant et même plus que tristes, à cause de la pensée de Toi ?
En vérité, notre âme T'attendait. Plus que les yeux qui guettent le lever du jour, nos regards sont levés vers Toi, o Toi qui règnes dans les Cieux. Oui, même au cours de nos humbles journées, il y a place pour cela: guetter, chercher, espérer le Seigneur.
Que demandons-nous à Dieu ? Est-ce beaucoup ? Oui, c'est beaucoup, c'est une grande chose, puisque c'est la paix pour le fond de notre cœur, la paix pour notre âme. Que cette chose nous soit donnée, nous ne demanderons pas grand-chose de plus; nous pourrons nous passer de beaucoup de choses, nous pourrons souffrir de grandes choses en Ton nom. Mais nous voulons savoir que nous sommes à Toi, que Tu es à nous. Nous voulons T'appartenir, être des chrétiens. Nous voulons avoir un Père, avoir l'amour d'un Père, l'approbation, l'appui d'un Père. Que l'expérience de la vie nous enseigne à voir simplement, qu'elle fixe nos regards sur Toi. A mesure que nous avançons dans la vie, puissions-nous devenir meilleurs.
Nous avons parlé des tempêtes qui nous: attendent au cours de ce voyage qu’est la vie. Parlons maintenant du calme et des joies de la vie du Chrétien. Mais, chers amis, attachons-nous plutôt aux moments de difficultés, aux heures dues au travail, aux saisons des chagrins.
Car souvent le calme est trompeur. Le cœur a ses tempêtes, il a ses saisons de découragement comme il a ses heures de calme, et même ses instants d'exaltation.
Il y a temps pour soupirer et il y a temps pour prier, mais il y a temps pour la réponse à nos prières. Pleurer peut durer une nuit entière, mais la joie nous vient avec le matin.
O le cœur qui défaille
Peut déborder d'émoi.
Le témoin de ces larmes
S'étonne; il ne sait pas
Que c'est Dieu à la source
Qui commande: Coulez.

Ma paix, je vous la confie. Nous avons vu qu'il y a place pour la paix, même au sein de la tempête. Grâces soient rendues à Dieu, qui nous a donne de naître et de vivre dans un pays Chrétien. Lequel de nous a oublie les heures dorées de nos premiers jours chez nos parents, et, depuis que nous les avons quittes, car beaucoup d'entre nous ont du quitter la maison paternelle, pour gagner leur pain, pour faire leur chemin dans la vie. N'est-ce pas Dieu qui nous a conduits au point où nous sommes ? Si nous avons manque des choses à quoi nous croyons, Seigneur, aide-nous dans notre incroyance ! Je sens encore le ravissement, l’émotion, la joie que j'ai éprouvés la première fois que j'ai réfléchi gravement à la vie de mes Parents, quand j'ai senti d'instinct à quel point ils étaient chrétiens. Et cette émotion je l’éprouve encore, cette sensation de jeunesse éternelle, d'éternel enthousiasme avec lesquels je suis allé vers Dieu, disant: “ Moi aussi, je veux être Chrétien !” Sommes-nous ce que nous avions rêvé d'être ? Non. Mais les chagrins, les soucis de chacun de nos jours, les devoirs quotidiens, tellement plus nombreux que ce que nous avions imagine, la bousculade de la vie, tout cela à noyé la résolution que nous avions prise. Mais elle n'est pas morte, elle n'est qu'endormie. L'ancienne foi, l'amour du Christ, il se peut qu'ils sommeillent en nous, mais ils ne sont pas morts et Dieu peut les ressusciter en nous. Mais, bien que renaître à la vie éternelle, à la vie de la foi, de l'espérance et de la charité, à une vie éternellement verte, à la vie d'un Chrétien, d'un serviteur du Christ, soit un don de Dieu, soit l'œuvre de Dieu, et de Dieu seul, n'en mettons pas moins nous-mêmes la main à la charrue dans le champ de nos cœurs. De nouveau, jetons notre filet, essayons encore. Dieu connait les intentions de notre esprit. Il nous connait mieux que nous ne nous connaissons nous-mêmes, car c'est Lui qui nous a créés; nous ne nous sommes pas faits tout seuls. Il sait de quoi nous avons besoin. Il sait ce qui est bon pour nous. Puisse-t-il bénir la semence de Sa parole, celle qui fut semée dans nos cœurs.
Si Dieu nous aide, nous saurons traverser la vie. A chaque tentation, il nous donnera le moyen de ne pas succomber.
Père, nous Te prions, non pour que Tu nous retires de ce monde, nous Te prions de nous tenir à l'écart du mal. Ne nous donne ni la pauvreté, ni la richesse, nourris-nous du pain qui nous convient. Et que Tes chants soient notre joie dans les maisons de notre pèlerinage. Que le Dieu de nos Peres soit notre Dieu; que leur peuple soit notre peuple, leur foi notre foi !
Nous sommes des hôtes sur la terre, ne nous cache pas Tes commandements, mais que l'amour du Christ nous guide et nous pénètre. Demande-nous de ne pas T'abandonner, de ne pas résister à Te suivre. Ton peuple sera mon peuple. Tu seras notre Dieu.
Notre vie est un pèlerinage, une marche de pèlerins. J'ai vu un jour un beau tableau. Il figurait un paysage, et c'était le soir. Au loin, sur la droite, une chaîne de collines, bleue dans la brume du soir. Par-dessus ces coteaux, la splendeur du couchant, des nuages, gris, lisérés d'argent, d'or et de pourpre. Le paysage lui-même était une lande couverte d'herbe et de feuilles jaunies, car la scène se passe en automne. A travers la lande, une route mène à une haute montagne, très loin, et, au sommet de la montagne, on aperçoit une ville que le soleil couchant éclairé de sa gloire. Sur la route marche un pèlerin, son bourdon à la main. II y a très longtemps qu'il marche, et il est très las. Et voila qu'il rencontre un personnage, une femme vêtue de noir, qui fait songer à la parole de saint Paul: “Tristes, mais toujours dans la joie.” Cet ange de Dieu a été place la pour encourager les pèlerins, pour répondre à leurs questions. Et le pèlerin lui demande: “La route monte-t-elle donc sans répit ?” Et la réponse est: “Oui, elle monte sans répit, jusqu'au bout !” Et il demande encore: “Le voyage prend-il toute une journée ?”, la réponse est: “De l'aube à la nuit, mon ami.” Le pèlerin poursuit sa route, triste, mais toujours dans la joie, triste parce qu'il tant marché, que la route est si longue. Mais il est plein d'espoir quand il lève les yeux vers la ville Éternelle qui resplendit au loin dans la splendeur du soir. Il songe à deux vieux dictons qu'il a entendus voila bien longtemps. L'un de ces dictons, c’est:
II faut livrer luttes multiples,
Supporter nombreuses souffrances,
Prier beaucoup, beaucoup prier.
Alors la fin sera paisible.
Et l'autre dicton, c’est:
L'eau monte jusqu'aux lèvres,
Plus haut ne monte pas.
Et le pèlerin dit: “Je serai de plus en plus las, mais aussi de plus en plus près de Toi, o mon Dieu !”L'homme ne doit-il pas lutter sur la terre ? Mais il est une consolation qui vient de Dieu, dans cette vie. Elle vient d'un Ange de Dieu, qui réconforte l'homme, et c’est l'ange de Charité. Ne l'oublions pas. Et quand nous retournons à nos soucis quotidiens, à nos devoirs quotidiens, n'oublions pas que les choses ne sont pas ce qu'elles semblent, que Dieu à travers l'apparence de tous les jours nous enseigne des choses plus hautes; n’oublions pas que notre vie est une marche de pèlerins, que nous ne sommes que des hôtes sur la terre; mais souvenons-nous que nous avons un Dieu et un Père qui protège les hôtes, n'oublions pas que nous sommes tous frères.
Amen.
Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, que l'amour de Dieu notre Père, que la présence de l'Esprit saint soit avec vous, pour toujours.
Amen.
(Suit la lecture du Psaume ICI: Puissance et justice de Dieu.)