Milliet
Sous-lieutenant
de la compagnie des zouaves cantonnée à Arles,
il va devenir l'ami et le compagnon de Vincent dans ses longues
promenades aux alentours d'Arles :
"Je connais ici un sous-lieutenant de zouave nommé
Milliet. Je lui donne des leçons de dessin avec
mon cadre perspectif et il commence à faire des dessins.
Il a du zèle pour apprendre".
Milliet
livrera quelques souvenirs savoureux sur Vincent : « Ce
garçon qui avait du goût et du talent pour le dessin,
devenait anormal dès qu il touchait un pinceau...
et puis sa couleur... outrancière, anormale, inadmissible.
Une toile doit être pelotée, lui, il la violait...
Quand il était en colère, il prenait feu... Une
sensibilité exagérée... avec la conscience
d être un grand artiste...»
Vincent de son côté le décrit comme un «
fameux coureur de jupons... Beau garçon, bien dégagé
avec beaucoup de laisser-aller dans l allure » qui
ferait son affaire pour un « tableau d amoureux
». Mais Milliet va bientôt repartir pour l Afrique.
Milliet, retrouvé plus tard, a évoqué ses
souvenirs de Vincent. Il a vendu à bon prix les toiles
qu'il détenait (une servant de porte à un poulailler
chez se parents.
17
juin 1888
"Je connais ici une sous-lieutenant de zouave nommé
Milliet. Je lui donne des leçons de dessin avec
mon cadre perspectif et il commence à faire des dessins.
Il a du zèle pour apprendre.
Si nous étions ici tous les trois".
13
Août 88
"Etudes approuvées comme « bien dans la note
moderne » par Milliet, émule du brave général
boulanger, le très brillant sous-lieutenant zouave. Il
a laissé en plan l art du dessin aux mystères
duquel je m efforçais de l initier, pour
une raison plausible, un examen.
Je n ai pas à me plaindre de lui. Littéralement
il ressemble au brav général, au point d avoir
beaucoup fréquenté les bonnes femmes dites de
café-concert".
15
Août 88
Milliet se rend à Paris. Il rencontre Théo à
qui il apporte des toiles de Vincent.
18
septembre
"Milliet est très fidèle comme ami et fait
si facilement l amour, qu il méprise l amour
presque".
23
septembre
"Demain j espère travailler avec Milliet.
Milliet était content de ce que j avais fait le
champ labouré. D habitude il n aime pas ce
que je fais, mais parce que les mottes sont doux de couleur
comme une paire de sabots, cela ne le choquait pas. S il
posait mieux, il me ferait bien plaisir et il aurait un portrait
plus chic quoique la donnée soit belle de son visage
à teint pâle et mat, le képi rouge contre
un fond émeraude".
25 septembre
"Milliet a de la chance, il a des arlésiennes tant
qu il veut, mais voilà il ne veut pas les peindre,
et s il était peintre, il n en aurait pas.
Il faut que moi j attende mon heure maintenant sans rien
presser".
27
septembre
"Je travaille au portrait de Milliet mais il pose mal.
Il est beau garçon, bien dégagé avec beaucoup
de laisser-aller dans l allure et il ferait rudement mon
affaire pour un tableau d amoureux.
avec cela il n a guère le temps car il a à
faire ses tendres adieux, à toutes les grues ou grenouilles
de la grenouillère d Arles, maintenant que comme
il dit, il y a sa pine rentrée en garnison.
Le café de nuit que j ai peint, n est pas
dans le tableau, il est à gauche du restaurant.
Milliet trouve cela horrible. Cela me fait du bien de faire
du dur.
Dans dix ans ne pouvant plus bander, il se mettra paisiblement
dans les ambitieux".
Fin
octobre
Milliet est parti pour l Afrique.